Le Cinéma Japonais sous la Guerre et l’Occupation

I. Films de Propagande

Le gouvernement s’engagea sur une voie interdisant toute expression personnelle ce qui réduisit les films individualistes dès la fin des années 1930. « Les films sont nos balles et nous ne donnerons pas ne serait-ce qu’un mètre de pellicule au secteur privé ». Le Japon attaque la Chine en 1937 et tout l’archipel fut mobilisé contre les États-Unis quelques années après. Comme tout le cinéma fut mobilisé, Kenji Mizoguchi « exaltait » la conception militariste du bushido dans Les quarante-sept ronins en 1942 et les dix majors japonaises fusionnèrent pour n’en forme plus que deux devant produire deux films par mois correspondant au genre exigé par l’État. On retrouve des films tels que L’Histoire du commandant de chars Nishizumi de Kozaburo en 1940, Les Cinq éclaireurs de Tomotaka Tasaka en 1938. On retrouve aussi des films dont le but est de permettre au peuple japonais « de retrouver sa place dans la lignée impériale avec les idées plus pures, plus droites, de l’ancien régime ». Le gouvernement incite le cinéma à privilégier la tradition familiale, le respect de l’autorité, l’esprit de sacrifice, au nom des exigences de la nation. La censure est très présente dans les scénarios. Mizoguchi tournera Roei no Uta en 1938, un film patriotique.

II. Réforme Sous l’Occupation Américaine

Après la défaite, le cinéma fit partie des rares divertissements qui restaient à la population. Un nouveau genre de cinéma japonais allait naitre sous l’occupation. La loi de 1939 sur le cinéma fut révoquée et remplacée par de nouvelles instructions données par le général MacArthur avec une liste de sujets interdits : militarisme, idée de revanche, nationalisme, distorsion de l’histoire, approbation de toute discrimination raciale ou religieuse, l’éloge de la loyauté de type féodal, approbation du suicide, manque excessif de considération pour la vie humaine, approbation de l’oppression ou des traitements dégradants envers les épouses, admiration de la cruauté ou de la violence injuste, opinions antidémocratiques, exploitation des enfants et opposition à la déclaration de Postdam. Une liste de sujets à favoriser arriva : Les cinéastes devaient montrer les Japonais se dévouant à la construction d’une nation pacifique, les soldats et les rapatriés en cours de réadaptation à la vie civile, les ouvriers et les paysans en passe de résoudre les problèmes de la vie d’après-guerre, les syndicats en train de s’organiser pacifiquement, le gouvernement s’amendant et prenant en charge de véritables responsabilités politiques, l’exercice de discussions libres au sujet des problèmes de gouvernement, le respect envers chaque être humain et chaque classe de la société, l’observance des droits individuels et des personnages historiques en train de lutter pour la représentation du peuple au sein du gouvernement et pour la liberté. Les films tournés avant et pendant la guerre furent examinés et jugés, environ 250 films furent brûlés. L’occupation prit fin en 1952 et en 1967 l’intégralité des films et négatifs encore existants avaient été restituée au Japon. Sous la pression de la SCAP, Supreme Commander of the Allied Powers, le gouvernement fit établir une liste des « criminels de guerre » au sein de l’industrie classées en trois catégories : A, B et C. 23 individus furent exclus de façon « permanente » dont les patrons des différents studios.

Les quarante-sept ronins
Les quarante-sept ronins de Kenji Mizoguchi

TitCalimero

Source :
*Atlas du cinéma de André Z. Labarrère, édition La Pochotèque 2002
*Le cinéma japonais de Donald Richie, édition du Rocher 2005
*cinéclub de caen
*cinémanageria
*cinemasie
*fluctuat.net