Le Nouvel Hollywood
Introduction : Contexte Historique
Période à part dans l’Histoire du monde, et des États-Unis, il est nécessaire de connaître les années 1970 afin de comprendre la naissance du Nouvel Hollywood au cinéma.La guerre du Vietnam
Apocalypse Now de Francis Ford Coppola (1979)
Les assassinats politiques
John Fitzgerald Kennedy
L’assassinat de John Fitzgerald Kennedy, Président des États-Unis d’Amérique de 1961 à 1963, a changé à tout jamais le visage de l’Amérique. L’assassinat de John Fitzgerald Kennedy créa un climat de confusion au sein de la population américaine qui se sentit alors plus vulnérable que jamais. S’il était possible d’assassiner un président tel que Kennedy, alors tout pouvait arriver aux citoyens américains. Les thèses du complot politique visant à supprimer le Président américain et le mystère régnant toujours sur la mort de ce dernier n’ont fait qu’accroître les sentiments de stupéfaction, de peur et de vulnérabilité ressentis par des millions de personnes. De plus, la scène a été entièrement filmée par un certain Abraham Zapruder. Les images de ce film hantent l’Amérique au point que de nombreuses résurgences apparaissent dans d’innombrables films.
Image tirée du film d’Abraham Zapruder (22 Novembre 1963)
Robert Kennedy
En 1968, c’est au tour du frère de John Fitzgerald Kennedy : Robert Kennedy d’être assassiné. Les circonstances de sa mort sont tout aussi mystérieuses que celles de son frère John.Martin Luther King
Les années 1960 sont marquées par la revendication des droits des Afro-américains.
Martin Luther King lors de la marche sur Washington le 28 Août 1963
Malcolm X
Alors que Martin Luther King luttait pour l’intégration des Afro-américains dans la société blanche de l’époque, Malcolm X tend à prôner un certain séparatisme. Il est assassiné en 1965 suite à des divergences avec une organisation politique et religieuse à laquelle il a longtemps participé.Émeutes raciales
Le mouvement pour les droits civiques a été soutenu jusqu’au milieu des années 1960 par des Afro-américains non-violents, des émeutes finissent par éclater dans des ghettos (aussi appelées Hot Summers). Ainsi, des émeutes raciales éclatent en 1965 à Watts, en Californie où 34 personnes sont tuées. En 1967, c’est à Newmark dans le New-Jersey que de nouvelles violences se produisent. 26 personnes y laisseront la vie. Quelques mois plus tard, c’est à Détroit dans le Michigan qu’à nouveau 43 personnes périssent. La fin des années 1960 et le début des années 1970 sont donc marquées par une atmosphère de violence et de tensions.
Emeute raciale à Détroit en 1967
L’affaire du Watergate
Après l’arrestation de deux cambrioleurs dans le quartier général du parti démocrate, la police et la presse (Washington Post) mènent leur enquête et remonte au président Nixon. Nixon, élu Président des États Unis en 1968, et réélu en 1972, est accusé d’avoir fait enregistrer illégalement des écoutes téléphoniques du parti démocrate durant la campagne électorale de 1972. Inculpé, l’affaire qui choque alors l’Amérique toute entière, Nixon se voit contraint de démissionner en 1974.Médias
Enfin, les années 1960 sont marquées par la domination de la télévision devenue le média de masse dominant.Le mouvement Hippie
Hair de Milos Forman (1979)
Qu’est-ce que le Nouvel Hollywood ?
1. Définitions
« Certains de mes amis pensent que les années 1970 ont été le dernier âge d’or. Je leur ai demandé « Pourquoi vous dites ça ? ». Ils ont répondu « Eh bien il y avait tous ces grands réalisateurs qui n’arrêtaient pas de faire des films. Il y avait Altman, Coppola, Spielberg, Lucas ». Martin Scorsese à propos des années 1970. Le Nouvel Hollywood existe en opposition au Vieil Hollywood. Il est caractérisé par la défiance des conventions traditionnelles du récit et du techniquement correct, brisant les tabous du langage cinématographique et rompant avec le manichéisme et le « happy end ». Les films se retrouvent régulièrement sans véritable héros. Le 8 décembre 1967, le Times publia un article de Stefan Kanfer, nommé « Le Nouveau cinéma : violence…sexe…art ».Pour lui, l’innovation européenne touchait les Etats-Unis. Les caractéristiques sont : plus de respect pour les exigences traditionnelles de l’intrigue, de la chronologie, de la sacro-sainte motivation des psys, un mélange ténu de comédie et de tragédie, des héros ni bons ni méchants, une hardiesse sexuelle et une distance nouvelle, ironique qui éclipsait tout jugement moral. Le Nouvel Hollywood est composé de deux périodes.De 1967 à 1971, on parle de période d’ « Euphorie » ou d’ « Illusion ».
C’est durant cette première période que beaucoup d’espoirs ont été fondés notamment celui d’un monde meilleur. William Friedkin disait que « Le Watergate a été le sommet des années 1970 et ce qui a conduit à la suite. Et ce qui a suivi a ôté ses illusions à une bonne partie du pays et aussi aux cinéastes. » La fin de la période est marquée par l’essoufflement des mouvements contestataires et de la contre culture, par la fin de la guerre du Vietnam et de la conscription, par les scandales politiques et la récession économique. Le scandale du watergate en 1974 va entraîner un cinéma post watergate avec des films comme Network, Marathon man, Nashville, Chinatown, Une femme d’affaire, qui traduisent une perte de confiance et de croyance, un sentiment de désillusion. Ils montrent une génération dénuée de scrupules, obsédée par l’argent et la célébrité.De 1972 à 1979 de période de « Désillusion ».
Cette période est caractérisée par une repli sur soi face à un monde qui a changé et que l’on ne comprend plus. Ainsi, les films paranoïaques ont fleuri et les personnages ont de plus en plus de mal à communiquer. Ils se réfugient donc dans une sphère privée qui peut être un asile de fous dans Vol au dessus d’un nid de coucou, l’autisme dans Nashville, la schizophrénie dans Carrie, la paranoïa dans Conversation secrète, un supermarché dans Zombie, une arène dans Rollerball ou un taxi dans Taxi driver. Travis Bickle dans Taxi driver dira « Il n’y a pas de fuite possible, je suis abandonné de Dieu ». Le Nouvel Hollywood s’éteint peu à peu à cause des compromis et des excès liés à la contre culture.Contre culture et Majors sont elles compatibles ? C’est ce que se sont demandés Norman Jewison en réalisant Rollerball, Sidney Lumet en réalisant Network et Brian De Palma en réalisant Phantom of Paradise : « Le capitalisme s’y prend toujours de la même manière pour neutraliser une force contestataire, il la couvre d’or, du coup elle n’est plus du tout contestataire et rentre dans le rang. » Comme le remarque très justement Jean Baptiste Thoret dans son livre Le Cinéma Américain des années 1970 , Phantom of Paradise est une parfaite métaphore de ce qui se produit dans le cinéma à cette période : les cinéastes du Nouvel Hollywood ont signé des accords avec des puissantes sociètés de production, ce qui a pu affecter leur message contestataire. Bref, les valeurs de la contre culture n’étaient plus en marge de la société et leur banalité a affecté leur force.Caractéristiques :
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Influence européenne
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La jeunesse prend le pouvoir
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Sympathie pour les marginaux
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Rapport frontal/direct au sexe et à la violence
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Scepticisme chronique à l’égard de l’autorité
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Relecture et destruction des genres (road movie, le film policier, le film de guerre, le film catastrophe, le science-fiction, la Blaxploitation, un certain style de comédie, le Western, le film noir, la comédie musicale, le Buddy movie (film de copains), le film d’horreur et etc…)
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Irrespect des règles classiques (narration, intrigue)
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Doute des motivations des personnages
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Une société dégénérante
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Questions ouvertes amenant le spectateur à réfléchir
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Apparitions des minorités à l’écran
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Une énergie particulière
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toutes deux sont en parfaite harmonie
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l’énergie est plus importante que l’action
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l’énergie n’est pas suffisante pour accomplir l’action
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Cinéma de l’asphyxie
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Une révolution au sein d’Hollywood
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Une quête des origines
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L’utilisation du Split Screen (Ecran divisé)
- L’affaire Thomas Crown de Norman Jewison (1968)
- L’étrangleur de Boston de Richard Fleischer (1968)
- Woodstock de Michael Wadleigh (1970)
- Soleil Vert de Richard Fleischer (1973)
- Soeurs de sang de Brian De Palma (1973)
- Phantom of Paradise de Brian De Palma (1974)
- Carrie de Brian De Palma (1976)
- Annie Hall de Woody Allen (1977)
Phantom of Paradise, L’affaire Thomas Crown, Carrie
- Remise en question de la place de la famille qui n’est plus un lieu de protection mais un lieu de menace : Carrie de Brian De Palma, L’Exorciste de William Friedkin, La nuit des morts vivants de George Romero.
- La libération sexuelle de la femme entraîne forcément des réactions de la part des hommes qui sentent leur virilité menacée. Certains affirment davantage leur statut de mâle, les autres perdent de leur virilité. Dans tous les cas, le droit au plaisir sexuel féminin devient une réalité.
- Confusion des récits primaires et secondaires
2. Les précurseurs
A. Robert Aldrich
Aldrich a beaucoup travaillé sur l’énergie et son cinéma que l’on qualifie généralement de cinéma de l’asphyxie est typique de cette période. Ce cinéma est caractérisé par une explosion de violence qui prend souvent la forme d’une pulsion.Le vol du phoenix (1965), Les douze salopards (1967), Pas d’Orchidées pour Miss Blandish (1971), L’ultimatum des trois mercenaires (1977)
B. Don Siegel
Don Siegel est un précurseur du cinéma des années 1970 grâce aux thèmes qu’il aborde dans ses films, thèmes qui seront largement repris par la suite. Ainsi, la paranoïa, la société et ses dangers occupent une place importante chez Don Siegel dont le cinéma est caractérisé par une bonne dose de violence. L’Invasion des profanateurs de sépultures (1956) L’Ennemi public(1957) À bout portant (1964) Police sur la ville (1968) Un shérif à New York (1968) Les Proies (1971) L’Inspecteur Harry (1971 ) L’Évadé d’Alcatraz (1979)C. Sam Peckinpah
L’oeuvre de Sam Peckinpah est marquée par une violence extrême. Sa manière de considérer la violence est particulière. En effet, pour lui, la violence est inhérente à l’homme. Le réalisateur a été influencé par l’anthropologue Robert Ardrey qui dit : « la plupart des comportements humains sont basés sur des réponses instinctives dont l’origine est fondamentale animale ». La Horde sauvage (1969) Les Chiens de paille (1971) Pat Garrett et Billy le Kid (1973) Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia (1974)3. Générations de réalisateurs
A. L’ancienne génération
Les changements importants ayant lieu à cette période n’ont pas empêché les réalisateurs du « Vieil Hollywood » de continuer à réaliser des films. Certains ont même signé quelques uns de leurs meilleurs films. C’est le cas de Don Siegel (Les Proies, L’Inspecteur Harry, L’Évadé d’Alcatraz) et Sam Peckinpah (Pat Garrett et Billy le Kid, Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia) ou encore de John Huston, John Frankenheimer, Stanley Kubrick (Orange Mécanique, Barry Lyndon).B. La nouvelle génération
La caractéristique principale des nouveaux cinéastes des années 1970 c’est que beaucoup d’entre eux viennent d’écoles de cinéma. « Pour la première fois à la fin des années 1960, les jeunes ont eu accès à un tas de domaines autrefois réservés. Une avalanche d’idées nouvelles a déferlé sur Hollywood. Ça a été le vrai tournant » Steven Spielberg. Autre caractéristique des années 1970 : de nombreux cinéastes européens parviennent à réaliser des films à Hollywood. C’est le cas des britanniques John Schlesinger, John Boorman, Ken Russell, Nicholas Roeg; des italiens Bernardo Bertolucci et Sergio Leone ; des français Louis Malle et Roman Polanski, du tchécoslovaque Milos Forman. Le producteur Roger Corman a été l’un des premiers à encourager ceux qu’on appelle les « movie brats » c’est à dire de jeunes réalisateurs formés dans les universités. Avec ses petits budgets, Roger Corman a lancé de nombreux réalisateurs comme Francis Ford Coppola (Dementia 13), Martin Scorsese (Boxcar Bertha) , Jonathan Demme, Joe Dante, Peter Bogdanovich (Targets) et etc …4. Nouvelle génération d’acteurs
La nouvelle génération de réalisateurs préfèrent travailler avec de nouveaux acteurs tels que Jack Nicholson, Robert De Niro, Dustin Hoffman, Al Pacino, Gene Hackman, James Caan, Robert Duvall, Harvey Keitel. Les actrices ne sont pas en reste : Barbara Streisand, Jane Fonda, Faye Dunaway, Ellen Burstyn, Diane Keaton. Pour les acteurs, la manière de travailler a évolué. Les acteurs n’appartiennent plus à un studio. « Le système des studios est mort. Les sociétés indépendantes raflent tout et les dirigeants des studios ne sont plus que des agents, des avocats et des comptables. Les travailleurs détiennent désormais les forces de production » George Lucas. Un certain nombre de ces acteurs ont été formés à l’Actor’s Studio et selon la méthode Lee Strasberg.L’Actor’s Studio :
Fondé en 1947 à New York par Cheryl Crawford, Elia Kazan et Robert Lewis, l’Actor’s Studio a pour but d’apprendre le métier à des artistes de théâtre. A l’Actor’s Studio, la méthode enseignée est la méthode Lee Strasberg aussi appelée le système de Stanislavski. Cette méthode consiste pour les acteurs à vivre le rôle afin de bien le jouer. Stanislavski pensait qu’il fallait que l’acteur agisse comme s’il était vraiment le personnage qu’il incarne. Bref, l’acteur est dans le rôle et ne joue plus, ce qui implique donc de la part de l’acteur d’inclure ses expériences personnelles, ses opinions et ses sentiments. L’acteur est donc amené à travailler sur lui-même.Erin
Bibliographie :- Le Cinéma américain des années 70, Cahiers du cinéma de Jean-Baptiste Thoret
- Hollywood70
- Encyclopédie Universalis : article sur John Schlesinger par André Charles Cohen
- Ciné-club de Caen : article sur Boorman
- Roman-polanski.net
- Ciné-ressources
- Atelier de la méthode
- The official website of the actors studio